10 règles à suivre quand on adopte un chien adulte

Adopter un chien adulte pour lui offrir une deuxième vie est une bonne action, un engagement pour lutter contre la misère animale et le risque d’euthanasie pour ces milliers de chiens abandonnés chaque année en France. Pour autant, que vous adoptiez un chien adulte en refuge ou via un site de petites annonces, quelques règles de base doivent être respectées dès les premiers jours car c’est sur vous que repose désormais sa chance de prendre un bon départ dans sa deuxième vie…

Quoi qu’on vous dise sur le chien que vous allez adopter, soyez conscient que beaucoup d’entre eux sont abandonnés car leur caractère et leur comportement n’étaient pas conformes aux attentes de leur ancien propriétaire. Les problèmes de comportement sont en effet la première cause d’abandon des chiens.
Beaucoup de chiens adoptés prennent un nouveau départ réussi et vivent une deuxième vie heureuse : les troubles du comportement qui apparaiseent dépendent de l’animal, d’une pathologie éventuelle, mais aussi du contexte de vie dans lequel il évolue. En changeant de vie, certains chiens changent profondément. Mais ce n’est pas toujours le cas, et vous devez accepter l’idée d’avoir peut-être quelques surprises.
Vous devrez être capable d’un peu de flexibilité et d’adaptation pour rééduquer, si nécessaire, ce chien qui n’aura peut-être pas acquis les bases pour être un « chien facile à vivre ». Soyez près à accepter ses bagages et à agir pour l’aider… notamment en vous tournant vers un professionnel compétent dès que des problèmes apparaissent.

Soyez attentif au coup de cœur que vous ressentez lorsque vous vous retrouvez en face de ce chien abandonné qui cherche un maitre. Si le coup de cœur est réciproque, vous avez de grandes chances de pouvoir bâtir cette solide base d’attachement qui est nécessaire au processus de résilience : l’amour ne guérit pas tout à lui tout seul, mais il est une condition nécessaire à une relation épanouie entre un propriétaire et son chien…
Si quelque chose vous fait hésiter, que vous ne « sentez pas » ce chien, soyez capable de dire non : le pire serait pour lui d’être abandonné une deuxième fois…
Autre point, respectez les informations qui vous sont données : vous ne pourrez pas forcément transformer un chien qui a des comportements très ancrés, ne soyez pas trop ambitieux et restez attentifs aux éléments que vous transmettent les personnes qui vous le confient.

Changer d’environnement est une situation stressante pour un chien. S’il a vécu en refuge, il aura sans doute conscience de gagner au change en trouvant le confort d’un foyer, mais pour autant, pas besoin de convoquer toute votre famille et tous vos amis dès son arrivée : les membres du foyer, ceux qui sont amenés à vivre avec lui à l’avenir, sont suffisants lors de l’accueil.
L’agitation, l’énervement, la surpopulation et les contacts forcés (bisous et câlins intrusifs) sont des sources de stress intenses pour ce chien qui ne sait pas encore « où il est » et peuvent, dans le pire des cas, générer de mauvaises réactions comme des agressions, qui auraient des conséquences fâcheuses sur le lien à tisser.

Faites rencontrer les chiens dans un endroit neutre et sécurisé (parc à chiens en dehors des heures d’affluence,  jardin clos) afin d’éviter tout comportement de rejet de la part de votre ancien chien, qui pourrait considérer le nouveau comme un intrus indésirable s’il le voit débarquer dans son salon sans prévenir. Plusieurs rencontres peuvent être nécessaires, mais dans tous les cas, entre eux, il faut que « ça colle » : dans le cas contraire les choses risqueraient de ne pas bien se passer ensuite.
A la maison, si votre ancien chien gronde le nouveau, n’intervenez pas, ils doivent établir leurs règles entre eux. Ne faites surtout pas du nouveau un « chouchou », gardez beaucoup de contacts avec votre ancien chien, et respectez l’ordre de priorité qui s’établit entre les deux.
Si des tensions apparaissent entre les chiens en votre présence, ne tentez pas de faire justice et envoyez les deux chiens au panier, chacun dans son coin.

Surtout s’il a vécu en box en refuge, votre chien adulte peut avoir oublié les bases de la propreté (ou ne jamais les avoir acquises correctement). Vous devez donc reprendre les bases patiemment, même s’il apprendra surement plus vite qu’un bébé chien de 2 mois.
Sortez-le régulièrement (toutes les heures ou toutes les deux heures), et accompagnez-le dehors car il peut être intimidé s’il sort tout seul dans le jardin. Patientez et félicitez-le immédiatement et chaleureusement quand il élimine (pipi, caca) !
S’il s’oublie à l’intérieur, ne le grondez jamais, et ne le punissez surtout pas : la propreté est un apprentissage par la récompense uniquement, à vous de le sortir suffisamment pour avoir l’occasion de le féliciter quand il fait dehors…

Le plus beau cadeau que vous pouvez faire à ce chien quand vous l’adoptez, c’est de lui expliquer clairement quelles règles sont en fonction chez vous. Pas question de lui laisser faire tout ce qu’il veut pour le reprendre ensuite : ce chien a perdu ses repères, il a besoin d’un cadre clair et prévisible pour retrouver bien-être et apaisement.
L’absence de cadre ou des règles inconstantes génère de l’anxiété, vous devez donc lui expliquer avec bienveillance, dès l’acquisition, ce que vous attendez de lui :
Où il doit se coucher, où il doit dormir, et lui demander d’être capable d’y rester quand vous l’y invitez,
Comment prendre contact avec les membres de la famille, par exemple avec les 4 pattes au sol (ou mieux « assis ») et non pas en sautant ou en mordillant les mains,
Quels sont les interdits chez vous : le canapé et/ou les chambres et/ou la cuisine (etc.), car chaque famille a ses habitudes, et ce ne sont pas forcément celles qu’il a connues autrefois,
Quels sont ses jouets et quels sont les objets qu’il ne doit pas toucher…etc.

Vous ne pourrez pas tout prévoir. Face à une nouvelle situation ou à quelques chose qui l’attire, votre nouveau chien ne pourra pas vous demander s’il a le droit ou pas de faire quelque chose : il va donc essayer de le faire et « voir ce que ça donne » !
Vous avez le droit de lui dire « non » fermement, mais vous devez toujours lui proposer une alternative, un comportement plus adapté pour le guider vers l’attitude préférable. Par exemple, s’il vous saute dessus, vous pouvez lui dire « non », et lui demander de s’asseoir quelques secondes : ensuite seulement, il aura droit à son câlin ou à une friandise. S’il réclame quand vous êtes à table, dites-lui « non » et invitez-le à aller se coucher dans son panier, etc.

Les chiens équilibrés sont capables de s’apaiser selon deux modalités : soit auprès de leur propriétaire, soit grâce au « nid », au « panier », à leur maison. C’est pourquoi les chiens équilibrés peuvent rester seuls sans paniquer.
Pour les chiens adoptés à l’âge adulte, dans les mois qui suivent l’acquisition, cet équilibre est souvent rompu : le chien a tendance à reporter tout son attachement sur son nouveau maitre et il a du mal à trouver l’apaisement du « nid » lorsqu’il se retrouve seul. Des troubles liés à la séparation peuvent alors apparaître.
Alors, dès son adoption, vous devez l’entraîner à rester seul sur de courtes périodes, si possible tous les jours. Ne lui faites pas d’adieux, ni de grandes retrouvailles, afin qu’il comprenne à votre attitude que rien de grave ne se passe.
Si vous êtes en vacances au moment de son adoption, cette consigne est encore plus importante, afin de ne pas lui faire vivre un sevrage brutal quand vous reprendrez le travail !

Côtoyer de façon amicale des enfants de tous âges ou d’autres animaux (chats, poules, chevaux etc.) est un apprentissage du jeune âge (avant 4 mois). Si vous adoptez un chien adulte, vous n’avez probablement pas d’informations fiables sur sa petite enfance, et rien ne vous permet de savoir si votre chien a été habitué à côtoyer des enfants ou d’autres espèces et s’il les apprécie : le fait qu’il soit gentil et tolérant avec des adultes ne permet absolument pas de garantir qu’il se sentira à l’aise avec des enfants ou des animaux d’autres espèces.
Soyez donc vigilants lors des premières rencontres : tenez votre chien en laisse, observez-le et dépistez les signes de malaise qu’il pourrait manifester.
Ne lui faites pas subir de contact intrusif (caresses forcées, mise en contact brutale ou en liberté non contrôlée), et ne faites pas d’excès de confiance : un accident par morsure serait dramatique pour l’avenir de ce chien et de votre relation, or vous avez toute une vie commune pour lui donner plus de liberté, une fois que vous le connaitrez mieux.

Les chiens qui changent de foyer ont plusieurs problèmes à résoudre : apprendre à aimer leur  nouvelle famille, comprendre les codes et les règles de leur nouveau foyer, se remémorer (ou apprendre) les « bonnes manières », rester concentré même quand tout les attire, surtout après plusieurs semaines ou mois passés dans un box en refuge !
Dans ces circonstances, votre rôle de propriétaire est de rester bienveillant mais très constant dans les règles et consignes éducatives que vous voulez lui apprendre, même s’il n’écoute pas toujours très bien ! Votre “autorité” reposera sur la constance de votre demande (et le fait de la répéter jusqu’à obtenir la réponse souhaitée), et sur votre capacité à faire cette demande sans vous énerver… afin de gagner la confiance de votre nouveau compagnon.
Rappelez-vous : punitions et autoritarisme font illusion d’autorité et emmènent la relation vers la peur… Aucun chien ne peut trouver un équilibre dans ces conditions.
Faites appel à des professionnels en qui vous avez confiance en cas de doute ou de problème, et rappelez-vous qu’il faudra quelques mois à un chien adulte pour s’attacher et s’adapter complètement à sa nouvelle famille, retrouver une structure et un équilibre… et réussir sa deuxième vie !

Texte et photos : Jasmine Chevallier, Dr vétérinaire, DIE vétérinaire comportementaliste
https://www.facebook.com/drjasmine.chevallier
Page professionnelle : http://www.vetos-anges-saintcyr.com/Content.aspx?code=35345&parent=35345